Le lobby agro-industriel inonde les médias de sa complainte

Le lobby agro-industriel inonde les médias de sa complainte pour dénoncer le remplacement du muguet industriel et une poignée de plants expérimentaux – non destinées à l’alimentation – par un semis de sarrasin bio. Comme d’habitude, le gouvernement reprend mot pour mot cette propagande. Mais pour qui prend le temps de s’intéresser un tant soit peu aux faits et d’enquêter derrière les piteuses tentatives de greenwashing, il apparaît que :
• Les industriels du légumes nantais visés par ces actions sont responsables de divers empoisonnements récents aux pesticides comme le métam-sodium (1).
• Les serres visées à Pont-Saint-Martin le dimanche 11 juin sont bien encore l’objet d’expérimentations sur des pesticides cancérigènes selon l’ANSES comme le métobromuron (2). Elles visent à maintenir le même modèle et à renforcer l’acceptabilité des pesticides en prétendant réduire leur usage plutôt que de permettre leur interdiction.
• Ces serres sont majoritairement ensablées et destinées à ce type de cultures plutôt qu’à de quelconques « sols vivants ».
• Ces industriels chef d’entreprise à la main d’œuvre exploitée, n’ont rien
d’« agriculteurs ».
• Ils sont par contre bel et bien responsables de l’accroissement ravageur de la production de sable et de la consommation d’eau pour des productions non vivrières ou tournées vers l’exportation.
• Ils ont été récemment condamnés pour leur surplus de rejets toxiques dans
l’atmosphère, notamment sur leurs cultures de concombres en 2017, ainsi qu’en 2020 pour des arrachages de centaines de mètres de haies en pleine période de nidification.
• La collusion de certains dirigeants des maraîchers nantais avec l’industrie du sable est avérée. Le Président de la Maison des Maraîchers Mr Torlasco a par exemple occupé pendant 11 ans le poste de secrétaire régional de l’UNICEM – union national des industries de carrière et matériaux de construction.
• Ils s’accaparent main dans la main avec l’industrie du sable des terres transformées en mer de plastique et serres chauffées, et tuent ainsi les autres formes d’agriculture paysanne dans le département.


En Loire-Atlantique, les surfaces dédiées à l’agro-industrie légumière ont augmenté de 24% entre 2010 et 2021. Le paysage de bocage et de polyculture élevage qui a caractérisé pendant des siècles le terroir du Pays-de-Retz est remplacé par un désert agro-industriel ultraspécialisé qui ravage la mosaïque de prairies et de cultures de la campagne nantaise.
Un désert. Si c’est cela la terre qu’aime Olivier Véran, c’est bien le signe qu’il n’a aucune culture paysanne ! Il semble manifestement confondre la terre et le sable. 1 ha de mâche, c’est jusqu’à 30 tonnes de sables par hectare chaque année !
Ensabler la terre, drainer les parcelles, araser les haies, c’est – structurellement – une artificialisation massive des sols. Oui nous préférons le sarrasin biologique aux champs de muguets de Vinet et aux expérimentations du lobby agro-industriel.
La conclusion est qu’il est bel et bien grand temps de désarmer ces industriels et de changer de modèles si l’on souhaite sauver les sols, les nappes phréatiques et soutenir réellement l’agriculture.
Vous trouverez pour un rétablissement minimal de la vérité un document détaillé d’enquête sur la « fédération des maraîchers » avec un ensemble de faits et de chiffres à la suite de cet article sur :
https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/debunkage-pourquoi-viser-lagro-industrie-nantaise-precisions-sur-les-actions-menees-et-reponse-a-olivier-veran
.

Résistance paysanne au maraîchage industriel !

De véritables paysans, dont les fermes sont mises en péril par les industriels ont publié une tribune pour expliquer leurs gestes :

Nous sommes des éleveurs-euses et maraîchers-ères de Loire-Atlantique. Nous avons participé depuis plus de deux ans à toutes les mobilisations contre l’extension des carrières de Saint-Colomban. Nous sommes venus – une fois encore – en force avec nos tracteurs pour cette journée de mobilisation organisée par la tête dans le sable et les soulèvements de la terre.

Pour nous la présence paysanne dans toutes ces actions démontre que les luttes écologistes n’ont rien à voir avec une opposition binaire et caricaturale entre agriculteurs et écolos. En réalité, comme le soulignait déjà Bernard Lambert en son temps, une fracture traverse le monde agricole de
l’intérieur : entre des grosses sociétés agro-industrielles et toutes celles et ceux qui pratiquent une agriculture paysanne, entre les grosses coopératives capitalistes et nos fermes, entre l’agroécologie à dimension humaine et à vocation locale et l’agrobusiness exportateur.
Ce dimanche, appuyé par des milliers de citoyen.e.s nous avons décidé de poursuivre notre action contre l’extractivisme et le bétonnage, contre le maraîchage industriel et pour la défense du bocage et de l’agriculture paysanne. Depuis des années, nos fermes sont impactées par un terrible phénomène. Au sud de La Loire, une poignée d’agri-managers spécialisés dans le maraîchage industriel est en train d’accaparer la terre et l’eau, de détruire le bocage et ses haies, d’empêcher les nouvelles installations en faisant exploser le prix du foncier, d’artificialiser les sols à grand renfort de bâches plastiques et de serres chauffées. Le Sud-Loire est en passe de devenir une petite Andalousie. Les exploitants adhérent.es de la Fédération des Maraîchers Nantais font main basse sur les terres et en chassent le maraichage diversifié et la polyculture élevage.
Par exemple, 30 % du sable de la carrière GSM de St Colomban est destiné aux maraîchers industriels.
En tant que maraîchers diversifiés, nous sommes bien placés pour le savoir et le vivons au quotidien : nul besoin de sable et de pesticides pour nourrir localement les consommateurs avec de bons légumes ! Nous fournissons les AMAPS et les magasins de producteurs depuis des années, sans avoir besoin de prétendues « expérimentations » industrielles. C’est depuis nos collectifs citoyens écologistes et paysans que furent pensées les actions de la journée. Si nous avons choisi de remplacer et réensemencer symboliquement avec du sarrasin bio le muguet industriel et les serres de la Fédération des
Maraîchers Nantais, c’est parce que nous pensons que l’ensemble des terres accaparées par ce lobby devrait être restitué à la polyculture élevage et au maraîchage diversifié.
En Loire-Atlantique, les surfaces accaparées par le maraîchage industriel ont augmenté de 29 % entre 2010 et 2021. La consommation d’eau de ce secteur, dont le pic se situe en pleine sécheresse estivale, est en particulier très largement supérieure à celle des 40 000 habitants d’une des communautés de communes concernées. Principalement pour du muguet qui ne se mange pas et de la mâche exportée.
Ce dimanche, parmi les centaines de personnes du convoi, nous étions une cinquantaine de paysans impliqués dans ces actions de réensemencement et nous l’assumons pleinement. A travers sa communication Régis Chevallier « pleure » mais les paysans citoyens déplorent tous les jours la disparition des fermes d’élevage et de son bocage au profit du maraîchage industriel.


Les paysans et paysannes co-organisateurs de la mobilisation « Fin de carrières 44 », le 11 juin 2023.

(1) Le métam-sodium, un pesticide provisoirement interdit
(https://www.la-croix.com/Economie/France/Le-metam-sodium-pesticide-provisoirement-interdit-2018-10-26-1200978886

Le gouvernement a suspendu vendredi 26 octobre et jusqu’à la fin de janvier l’utilisation de ce biocide suite à l’intoxication de 70 personnes dans le Grand Ouest. La substance fait l’objet d’un réexamen scientifique par l’Anses qui pourrait conduire à son interdiction pure et simple.
Biocide à large spectre, à la fois pesticide, herbicide et fongicide, le métam-sodium est surtout utilisé par les maraîchers, notamment ceux du Maine-et-Loire et de Loire-Atlantique, pour « purifier » les parcelles avant d’y semer la mâche. Pesticide largement utilisé par les producteurs de mâche du Grand Ouest, le métam-sodium était déjà sous étroite surveillance après l’intoxication de 70 personnes à la mi -octobre. Par un arrêté publié vendredi 26 octobre au Journal officiel, le gouvernement vient d’en suspendre l’utilisation jusqu’au 31 janvier 2019.
De nouvelles investigations scientifiques.
Une décision plus radicale reste suspendue aux recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) chargée de réexaminer l’ensemble des autorisations de mise sur le marché des cinq produits à base de cette substance commercialisés en France.

S’informer avec calme, recul et confiance est plus que jamais nécessaire
Biocide à large spectre, à la fois pesticide, herbicide et fongicide, le métam -sodium est surtout utilisé par les maraîchers, notamment ceux du Maine-et-Loire et de Loire-Atlantique, pour « purifier » les parcelles avant d’y semer la mâche, en septembre et en octobre.
Injecté par fumigation dans le sol, ce produit est redoutablement efficace pour tuer les parasites et éviter les repousses de mauvaises herbes. Mais l’opération requiert de nombreuses précautions fixées par la réglementation : protection intégrale pour les opérateurs, utilisation de bâches, absence de vent et de fortes pluies pour éviter la dispersion du produit, respect de distances par rapport aux habitations et aux autres cultures.
Une substance « préoccupante »
Est-ce un manquement à cette réglementation qui a provoqué, entre le 28 septembre et le 12 octobre, trois épisodes d’intoxications (irritations oculaires et respiratoires) touchant essentiellement des ouvriers
agricoles applicateurs dans la région d’Angers ? C’est en tout cas la raison invoquée par la préfecture du Maine-et-Loire pour suspendre l’utilisation du pesticide dans le département jusqu’au 31 décembre.
Dans le département voisin de Loire-Atlantique, où aucun cas d’intoxication n’a été relevé, la préfecture a tout de même choisi de renforcer les contrôles sur les 200 exploitations qui utilisent le métam -sodium.
Une précaution qui s’avère désormais inutile puisque les trois ministères concernés (agriculture, santé et transition écologique) viennent de décider son interdiction au moins temporaire.
« Le métam-sodium fait partie des substances actives les plus préoccupantes pour la santé et l’environnement » , précise le communiqué interministériel publié vendredi 26 octobre. Ce risque avait déjà été identifié, en avril, par le « plan d’action national sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides ». « Ce qui avait amené le gouvernement à saisir l’Anses, en juillet, pour un réexamen de t oute une
série de substances, dont le métam-sodium », précise-t-on au ministère de l’agriculture et de l’alimentation.
Une réévaluation européenne
On attend désormais le résultat de ces investigations. Trois scénarios sont possibles : l’Anses décide soit d’un « renforcement des conditions d’emploi », soit du « retrait de certains usages », voire « le retrait des autorisations de mise sur le marché », précisait la semaine précédente une porte-parole de l’agence.
Le métam-sodium avait été interdit par l’Union européenne suite à une décision du Conseil de 2009, après la publication d’un rapport de l’Aesa, l’autorité européenne de sécurité des aliments, pointant ses nombreux risques, notamment pour les populations vivant sous le vent d’une injection, la faune non ciblée et les nappes d’eau souterraines. Malgré cela, quinze États européens, dont la France, ont continué à l’utiliser par dérogation. Depuis, la substance a été réautorisée par un règlement européen de
2012, mais elle fait l’objet d’un nouvel examen scientifique qui devrait s’achever en 2022.
(2) métobromuron \me.tɔ.bʁɔ.my.ʁɔ̃\ masculin, au singulier uniquement
https://fr.wiktionary.org/wiki/m%C3%A9tobromuron
(Agriculture) Substance phytosanitaire, de formule chimique C9H11O2N2Br, à usage d’herbicide de certaines dicotylédones et utilisable sur les cultures de pomme de terre, d’artichaut, de tabac et de mâche.
Par exemple, lorsqu’ils pénètrent dans le haricot par les racines, le chloroxuron, le fluométuron et le métobromuron ont
des comportements différents. Le chloroxuron reste localisé dans les racines et se déplace à peine dans la tige, alors que le fluométuron et le métobromuron gagnent le feuillage. — (Christian Gauvrit, Efficacité et sélectivité des herbicides, Éditions Quae, 1996, page 115)

Les ravages de l’industrie du béton

BHR : acteur régional à l’impact béton

Avec ses 26 centrales réparties en Bretagne et Pays de la Loire, BHR produit plus d’un million de mètre-cube de béton par an. C’est le premier producteur indépendant de béton prêt-à-l’emploi de France.

L’impact carbone de cette production est égal à celui de la consommation mensuelle de carburant de plus d’un million de véhicules particuliers.

Source : bhrbeton.com

Le béton en France, de quoi parle-t-on ?

En 2021 on estime que la production de béton en France a été de 21 millions de tonnes. Le béton, c’est de l’eau, du ciment et des granulats !

15 % ciment => 3,2 millions de tonnes

Avec seulement 27 usines, les cimentiers émettent près de 2,5 % de la pollution carbone de la France.

Source : https://www.ouest-france.fr/economie/construction-btp/info-ouest-france-le-plan-des-cimentiers-evacuer-le-carbone-via-le-port-de-saint-nazaire-81fed366-761c-11ed-a671-02732ecaf821

7 % eau => 1,4 millions de m3

C’est la consommation annuelle moyenne d’eau près de 5 60 piscines olympiques !

Source : https://www.ouest-france.fr/environnement/interdire-les-piscines-privees-quelle-quantite-d-eau-serait-economisee-avec-une-telle-mesure-a76609d8-2448-11ed-8ca9-3d7bee008cc2

78 % de granulats => 16,7 millions de tonnes

Granulats = sables et graviers utilisés pour la construction et les travaux publics.

En France la consommation de granulats est estimée à 20 kg par jour et par habitant, ce qui en fait la ressource la plus consommée après l’eau !!

(L’eau est déjà une ressource très précieuse mais les granulats le sont encore plus : ils mettent des milliers d’années à se former !)

(Sources : https://www.unicem.fr/wp-content/uploads/2021/12/unpg-chiffres-2019-web.pdf et https://www.insee.fr/fr/statistiques/4281618)

Les projets d’agrandissement ou de (ré)ouverture de carrières font perdurer cette industrie mortifère et retardent la transition vers des modes constructifs plus vertueux (bois, terre crue…) !

Manifestation 11 juin

Convois tracteurs-vélos et actions successives contre les carrières de sable, le béton et l’accaparement des terres par le maraîchage industriel 

Ce dimanche, 1500 personnes, des centaines de vélos et 30 tracteurs paysans sont partis en convoi depuis Saint-Colomban en direction de Nantes. Le bocage paysan y est dévoré progressivement par l’extension des carrières Lafarge et GSM, et par l’extension concomittante d’un maraîchage industriel délétère.

Un autre convoi s’est élancé quelques heures plus tard depuis Héric avec 300 personnes et 10 tracteurs avec des habitant.e.s engagé.e.s dans la lutte contre l’ouverture de nouvelles carrières de sable ou granulats à Soudan, Grand-Auverné et Guémené-Penfao, ainsi que la création d’une usine d’enrobé à Puceul, autant de chaînons de la bétonnisation toujours accrue du département.

Alors que le nombre de manifestant.es anti-carrière a doublé depuis l’an dernier, plusieurs actions collectives fortes ont de nouveau ponctué l’avancée du convoi sud, ciblant les responsables locaux de l’accaparement et de l’artificialisation des terres.

Lors d’un premier arrêt, des paysan.nes ont appelé à aller arracher des planches de muguet du groupe Vinet et à y remettre de la biodiversité avec des semences paysannes. Celui-ci avait déjà été visé, et son écluse illégale démontée lors la  dernière mobilisation à Saint-Colomban, pour son détournement du cours d’eau du Redour.

Quelques kilomètres plus tard, les paysan.nes et manifestant.es sont entré.e.s à l’intérieur des serres expérimentales de la Fédération des maraîchers nantais qui regroupe Vinet et des dizaines d’autres sociétés. Des plants expérimentaux, non destinés à la consommation, mais à renforcer les schémas productivistes ont été de nouveau remplacés par des semences paysannes. 30% de la production de la sablière GSM de Saint-Colomban servent à la production maraîchère industrielle du 44. Celle-ci est basée sur une irrigation intensive, un usage massif d’intrants chimiques, ainsi que sur des conditions de travail déplorables pour beaucoup de salarié.es. Malgré les opérations de greenwashing des maraîchers industriels, Primaloire l’une des entreprises visées, a par exemple intoxiqué 78 personnes en 2023 après l’usage d’un pesticide sur leur culture de mâche. En 2019 et 2020, des centaines de poissons sont retrouvés morts dans un canal à Saint-Julien-des-Concelles à cause de produits utilisés pour le déblanchiment des terres maraîchères. (voir tract explicatif distribué pendant la manif avec plus de données sur la fédération des maraîchers nantais: https://twitter.com/lessoulevements/status/1667865305400442880?s=20 )

Dernière action avant l’entrée dans le centre-ville, l’arrivée d’eau de la centrale à béton BHR a été coupée et scellée par du béton. Le cimenteur a ainsi été cimenté à l’aide d’une clé à eau et quelques petits outils rudimentaires avec le soutien de l’ensemble de la foule qui pique-niquait en musique. Nous rappelons que le sable alimente l’industrie du béton, bombe climaticide responsable de l’artificialisation galopante des sols et de 8% des émissions de CO2 en pleine crise climatique.  (voir tract explicatif distribué pendant la manif avec plus de données sur la fédération de smarahers nantais: https://twitter.com/lessoulevements/status/1667865305400442880?s=20  )

Cette action s’inscrivait dans la campagne de solidarité avec les personnes mises en cause cette semaine dans le cadre d’une enquête sur une action salutaire de désarmement d’une usine Lafarage à Marseille en décembre dernier. ( https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/liberation-de-l-ensemble-des-gardees-a-vue-depuis-lundi-et-la-vague-darrestations-le-soutien-continue )

Elle répondaient aussi à l’appel « 100 jours pour les sécher », campagne d’action contre les accapareurs d’eau lancé par les peuple de l’eau pour ce nouvel été qui s’annonce marqué par une sécheresse systémique. ( https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/100-jours-pour-les-secher )

A Nantes les convois ont rejoint la manifestation contre la dégradation des conditions de soin, liée au transfert de l’actuel CHU. Cette jonction visait à montrer notre solidarité avec les personnels soignants. En vue de faire le lien avec l’extraction accrue du sable et l’artificialisation des terres par les politiques immobilières de la métropole nantaise, l’entrée de Nantes Métropole Aménagement a été murée. Il s’agissait de la première opération de murage biosourcée à base de bottes de paille et d’enduits de terre crue. Une manière symbolique de marquer qu’il est temps de passer à la construction écologique et à la rénovation plutôt que de détruire et reconstruire sans cesse pour les seuls profits de l’industrie du béton.

La mobilisation monte contre l’industrie du sable et du ciment dans le 44. Nous stopperons les chantiers d’extension ou d’ouverture de carrière si ceux-ci démarrent.

Le succès des convois d’aujourd’hui préfigure aussi le grand convoi de l’eau lancé par les Soulèvements de la Terre et Bassines Non Merci. Celui-ci s’élancera de Sainte-Soline le 18 août pour converger pendant une semaine en tracteurs et vélos vers l’Agence de l’Eau Loire-Bretagne à Orléans puis le ministère de l’agriculture à Paris  https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/le-convoi-de-leau-mega-tracto-velo-contre-les-mega-bassines

Résistance intarrissable ! No Sablaran ! 

Résistance paysanne au maraîchage industriel

Les paysans du convoi du sable expliquent les actions menées contre le maraîchage industriel 

Nous sommes des éleveurs-euses et maraîchers-ères de Loire-Atlantique. Nous avons participé depuis plus de deux ans à toutes les mobilisations contre l’extension des carrières de Saint-Colomban. Nous sommes venus – une fois encore – en force avec nos tracteurs pour cette journée de mobilisation organisée par la tête dans le sable et les soulèvements de la terre. 

Pour nous la présence paysanne dans toutes ces actions démontre que les luttes écologistes n’ont rien à voir avec une opposition binaire et caricaturale entre agriculteurs et écolos. En réalité, comme le soulignait déjà Bernard Lambert en son temps, une fracture traverse le monde agricole de l’intérieur : entre des grosses sociétés agro-industrielles et toutes celles et ceux qui pratiquent une agriculture paysanne, entre les grosses coopératives capitalistes et nos fermes, entre l’agro-écologie à dimension humaine et à vocation locale et l’agrobusiness exportateur. 

Ce dimanche, appuyé par des milliers de citoyen.e.s nous avons décidé de poursuivre notre action contre l’extractivisme et le bétonnage, contre le maraîchage industriel et pour la défense du bocage et de l’agriculture paysanne. Depuis des années, nos fermes sont impactées par un terrible phénomène. Au sud de La Loire, une poignée d’agri-managers spécialisés dans le maraîchage industriel est en train d’accaparer la terre et l’eau, de détruire le bocage et ses haies, d’empêcher les nouvelles installations en faisant exploser le prix du foncier, d’artificialiser les sols à grand renfort de bâches plastiques et de serres chauffées. Le sud-loire est en passe de devenir une petite Andalousie. Les exploitants adhérent.es de la Fédération des Maraîchers Nantais font main basse sur les terres et en chassent le maraichage diversifié et la polyculture élevage.

Par exemple, 30 % du sable de la carrière GSM de St Colomban est destiné aux maraîchers industriels. En tant que maraîchers diversifiés, nous sommes bien placés pour le savoir et le vivons au quotidien : nul besoin de sable et de pesticides pour nourrir localement les consommateurs avec de bons légumes ! Nous fournissons les AMAPS et les magasins de producteurs depuis des années, sans avoir besoin de prétendues « expérimentations » industrielles. C’est depuis nos collectifs ctoyens écologistes et paysans que furent pensées les actions de la journée. Si nous avons choisi de remplacer et réensemencer symboliquement avec du sarrasin bio le muguet industriel et les serres de la Fédération des Maraîchers Nantais, c’est parce que nous pensons que l’ensemble des terres accaparées par ce lobby devrait être restitué à la polyculture élevage et au maraîchage diversifié.

En Loire-Atlantique, les surfaces accaparées par le maraîchage industriel ont augmenté de 29 % entre 2010 et 2021. La consommation d’eau de ce secteur, dont le pic se situe en pleine sécheresse estivale, est en particulier très largement supérieure à celle des 40 000 habitants d’une des communautés de communes concernées. Principalement pour du muguet qui ne se mange pas et de la mâche exportée.

Ce dimanche, parmi les centaines de personnes du convoi, nous étions une cinquantaine de paysans impliqués dans ces actions de réensemencement et nous l’assumons pleinement. A travers sa communication de M. Régis Chevallier, « pleure » mais les paysans citoyens déplorent tous les jours la disparition des fermes d’élevage et de son bocage au profit du maraîchage industriel.

Les paysans et paysannes co-organisateurs de la mobilisation « Fin de carrières 44 », le 11 juin 2023.

La Fédération des Maraîchers Nantais : un empire dévastateur

Un accaparement des terres de plus en plus massif…

En Loire-Atlantique, les surfaces dédiées au maraîchage ont augmenté de 24% entre 2010 et 2021.

(Source : Près de Nantes et d’Angers, l’insatiable appétit de terres des maraîchers industriels, Médiacités 22/05/2023) 

… Qui entraîne une augmentation du prix du foncier.

« Le prix du terrain ils n’en ont rien à faire, ils sont prêts à mettre 4 à 5 fois le prix tant qu’ils ont un accès à l’eau » constate le coordinateur de France Nature Environnement Pays de la Loire.

(Source : Près de Nantes et d’Angers, l’insatiable appétit de terres des maraîchers industriels, Médiacités 22/05/2023) 

L’eau, ce bien commun, est elle aussi accaparée !

Dans un contexte de fortes tensions sur la ressource en eau, sur la Communauté de communes de Grand Lieu la quantité d’eau consommée en un an par l’irrigation (au moins 2,6 millions de m³ en 2021) est très largement supérieure à la consommation d’eau des 41000 habitants du territoire (estimation basse environ 1,5 millions de m³ par an)

(Sources : bnpe.eaufrance.fr, cieau.com et insee.fr) 

Des pratiques agricoles toxiques pour tous les êtres vivants

L’entreprise nantaise Primaloire a été condamnée le 23 mai 2023 pour avoir intoxiqué 74 personnes en 2018, en utilisant mal un pesticide.

(Source : Intoxication au métam-sodium : une entreprise agricole et un salarié reconnus coupables, Ouest-France 23/05/2023) 

En septembre 2020, comme à la même période en 2019, des centaines de poissons ont été retrouvés morts dans un canal à Saint-Julien-de-Concelles, à cause des produits utilisés pour le déblanchiment des serres maraîchères.

(Source : Près de Nantes, nouvelle pollution dans la vallée maraîchère avec des centaines de poissons morts , l’Hebdo de Sèvre et Maine 28/09/2020) 

Tout cela se fait en mangeant une bonne part du tas de sable

30 % de la production de la sablière GSM de Saint-Colomban sert au maraîchage Nantais. La production annuelle maximum de la sablière est de 400000 tonnes.

(Source : GSM) 

Au vu du CV du nouveau directeur, ces liens entre maraîchage industriel et carrières ne sont pas prêts de s’arrêter !

Emmanuel Torlasco, nouveau directeur de la Fédération des Maraîchers Nantais, a occupé pendant 11 ans le poste de secrétaire général régional (Pays de la Loire) de l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (UNICEM).

(Source : Loire-Atlantique – Les Maraîchers nantais recrutent un nouveau directeur, Loire-Atlantique Agricole 21/11/2022)

Sans oublier, dans l’ombre, l’asservissement de salariés vulnérables

Interdiction de parler, obligation de rester à genoux, parfois absence  de toilettes, de point d’eau, cadences exigées par les chefs de secteur difficiles à suivre, loyers déduits des salaires…

(Source : Loire-Atlantique. Bas salaires, dur labeur : enquête sous les serres, Ouest France 16/11/2018)