Les vingt-sept usines des cimentiers émettent près de 2,5% de la pollution carbone de l’Hexagone. Longtemps incontournables, ça ne les a pas trop dérangés. La crise climatique les pousse à changer.
Samedi 19 novembre, La Tête Dans Le Sable, Grand Auverné Environnement, le Cri du bocage et le collectif Carrières du Tahun ont informé les nantais du pillage du sable en Loire Atlantique.
– La Tête Dans Le Sable, Bretagne Vivante, la Confédération Paysanne 44 et la LPO 44 s’attaquent à la décision prise par les élus du pôle d’Equilibre Territorial du Pays de Retz (PETR)
Blocage de la carrière Lafarge de Saint-colomban pour la venue de Christophe Béchu, ministre de la transition écologique.
La tête dans le sable Les soulèvements de la Terre
Depuis 8h ce matin, 8 paysan.nes en tracteurs et 60 piéton.nes occupent et bloquent la carrière Lafarge de Saint-Colomban. Cette action suprise initiée par le collectif La tête dans le Sable et le mouvement national les Soulèvements de la Terre est une réponse directe à la décision des élu.es du PETR du Pays de Retz de déroger au SCOT, schéma local censé, entre autre, protéger les terres agricoles (Espaces Agricoles Pérennes).Ce vote visait à autoriser l’aggrandissement des carrières Lafarge et GSM et l’artificialisation de 70 hectares de bocage. Cette occupation d’une des 2 carrières intervient alors que le ministre de la transition écologique Christophe Béchu se déplace aujourd’hui à quelques kilomètres de là – à Basse-Goulaine – pour une réunion avec des élus locaux pour une présentation de l’objectif « Zéro artificialisation nette ».
Il y a 15 jours le ministre annonçait déjà reculer sur cet objectif à peine énoncé, alors que la crise écologique est aujourd’hui dramatique, démontrant ainsi toute l’hypocrisie du gouvernement en terme de politique environnementale.
Les occupant.es ont disposé ce matin, sur les machines de la carrière, des banderoles « Les élus nous ont Béchu » et « Zone d’Artficialisation Nette ». Ils invitent le ministre à se rendre sur place pour constater la manière dont les carrières dévorent le bocage et répondre de ses incohérences.
Le projet d’aggrandissement des carrières lafarge et GSM de Saint-colomban, est l’objet d’une résistance paysanne et écologiste déterminée. Il étend l’industrie climaticide du béton alors qu’il nous faut aujourd’hui urgemment changer de modèle. L’aggrandissement des carrières avance de concerve avec l’extension voisine d’un type de maraîchage industriel, gourmand en sable, qui artificialise lui aussi des centaines d’hectares de terre sous une mer de plastique. Il est aussi synonyme, au sortir d’une sécheresse historique et systémique, d’accaparement de l’eau des nappes, laissées à ciel ouvert par les bassins géants des carrières. Ce projet a été l’objet, au cours de la dernière année, de manifestations et blocages mobilisant à plusieurs reprises des centaines de personnes et dizaines de tracteurs.
C’est aujourd’hui la première fois que les opposant.es s’introduisent à l’intérieur d’une carrière. Ce geste fort, au lendemain du choix des élus locaux de déroger au SCOT et alors qu’une enquête publique pourrait suivre dans les prochains mois, est une manière d’affirmer que la lutte continue. Si des travaux de destruction du bocage survenaient par la suite, ils seraient bloqués à leur tour.
Les occupant.es invitent le ministre Christophe Béchu, mais aussi leurs soutiens à se rendre devant l’entrée de la carrière pour un échange de terrain sur l’objectif « Zéro Artficialisation Nette ».
Illes appellent à rejoindre leur lutte contre l’extension des carrières de sable et du maraîchage industriel à St-Colomban, pour la défense de la terre, de l’eau et de l’installation paysanne.
Une maxime circule chez les carriers : « il suffit de comprendre les règles pour pouvoir les contourner » (1) … Simplicité sidérante ! Et pourtant, lors de la dernière séance du comité syndical du PETR (2) du Pays de Retz, les règles du SCOT n’ont pas été détournées, elles ont carrément été piétinées.
Un tournant important ce mardi 13 septembre : il s’agissait pour les 53 délégués de valider la dérogation aux désormais fameux « Espaces Agricoles Pérennes ». Jusque-là, cette disposition destinée à protéger le foncier agricole, bloquait les 2 industriels GSM et Lafarge dans leurs volontés de s’étendre. Il y a peu, le sujet était recouvert d’une belle chape de silence (en béton armé). Cette fois, il a fait trembler l’assemblée du PETR dans des débats assez vifs. La crainte de voir plus tard ses propres projets refusés par ses pairs (appelée encore la « solidarité » entre maires), a malgré tout fait basculer l’assemblée vers la validation de la dérogation : 37 voix pour et 16 voix contre.
Plusieurs points d’étonnement : – 8 points devaient être validés : aucun n’a été vraiment détaillé lors des débats. – Le rapport transmis à la connaissance des élus était une note particulièrement synthétique et peu argumentée, directement écrite par les 2 carriers.
Mais l’étonnement a rapidement fait place à la stupéfaction quand, après le vote, nous avons découvert les ruses utilisées pour compenser les 69ha nécessaires (le 4ème des 8 points) : – La commune de Saint-Colomban devra compenser sur son seul territoire les surfaces retirées à l’agriculture pour ce projet pourtant jugé d’intérêt intercommunal ! La solidarité entre maires aurait-elle ses limites ? – Et surtout : ce sont des Espaces Naturels Protégés (3) qui seront supprimés pour compenser les surfaces envisagées pour les extensions des carrières. Pas un seul hectare situé dans les « Espaces Agricoles Non-Pérennes » (= les zones de réserve prévues pour l’urbanisation), n’a été retiré de la carte !
La double-peine environnementale pour un territoire pourtant déjà fortement agressé.
Une perte de sens totale à un moment où nous devons aller vers le Zéro Artificialisation.
Et ce n’est pas fini…Cerise amère sur ce gros gâteau de sable : 53 sur les 69 ha sont situés dans une zone où la richesse en biodiversité a été reconnue et validée depuis des années : la ZNIEFF du bocage relictuel de La Lande (4).
Étonnant, troublant même…
Pourtant, pendant cette séance, certains élus ont très clairement alerté sur les conséquences environnementales et agricoles que ces projets feront peser sur tout un territoire. Mais il semble que se mettre la tête dans le sable soit pour certain.es la position la plus adaptée, y compris pour les communes les plus concernées.
Alors bien sûr, nous continuerons encore et toujours à informer, proposer, échanger avec tous ceux qui le veulent. Nous l’avons clairement vu : les enjeux n’ont pas été compris.
Il est encore temps de stopper l’engrenage infernal dans lequel nous sommes partis.
Alors avec tous les partenaires qui le souhaitent, nous allons dès maintenant engager les procédures nécessaires.
Bien loin de nous résigner, nous bloquerons le rouleau compresseur des carriers sur ce territoire.
(1) : «Béton, la fin d’une ère ?» : épisode 5 page 107, Heidi.new. (2) : PETR = Pôle d’Equilibre Territorial et Rural, structure intercommunale qui vote le SCOT (Schéma de Cohérence Territorial) (3) : Pour faire simple, les Espaces Naturels Protégés (ENP), gravés dans les documents d’urbanisme (SCOT ou PLU), sont pour la plupart des réservoirs de biodiversité. Ils ne peuvent pas être remis en cause, y compris pour les classer en Espaces Agricoles, où le règlement y est moins contraignant. (4) : Les ZNIEFF = Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique : sont les bases pour la constitution de zones de conservation de la biodiversité.
La dérogation permettrait de passer outre les 20 années de protection normalement garanties par le SCOT. Ce serait alors une nouvelle barrière qui sauterait pour les projets d’extension des 2 carrières de sable de Saint-Colomban. Si les élus du PETR du Pays de Retz décidaient de voter non, les extensions devraient attendre 2033 avant de pouvoir être inscrites dans le PLU de la commune de Saint-Colomban. La décision est donc très très importante à ce stade ! Le PETR du Pays de Retz c’est une structure intercommunale qui regroupe les intercommunalités du Pays de Retz : http://petr-paysderetz.fr/le-petr-du-pays-de-retz/ Il est composé des élus suivants : http://petr-paysderetz.fr/les-elus/ C’est cette structure qui gère un document de planification particulièrement important qui s’appelle le SCOT : http://petr-paysderetz.fr/le-scot/
Pour celles et ceux qui veulent aller encore plus loin sur ce sujet : voir à partir de la page 35 du DOO du SCOT la question des espaces agricoles: DOO-SCOT
Les arguments
– L’eau : Le GIEC Pays de Loire a tiré la sonnette d’alarme : La sécheresse est l’une des conséquences les plus préoccupantes du changement climatique dans notre région. La ressource en eau est un enjeu majeur. Les 2 carrières Lafarge et GSM ainsi que le maraichage industriel ont déjà un impact considérable. Ils vont accentuer leur pression sur cette ressource avec leurs nouveaux projets.Dans ce contexte, il serait irresponsable de ne pas attendre les résultats de l’étude indépendante qui vient juste de démarrer sur la nappe de Grand-Lieu (étude HMUC par le Syndicat de Bassin Versant). – Les paysans : comment vouloir une alimentation locale et de qualité, souhaitée par toutes les communes, et faire fuir les paysans qui la produisent? La pression sur le foncier n’est plus tenable pour eux. – La parole des élus : à quoi bon fixer pour 20 ans des Espaces Agricoles Pérennes (*) si une dérogation suffit à les amputer de façon si importante? Quelle est la crédibilité de leurs engagements? => En version complète : Argumentaire-PETR A utiliser sans modération !
Nous souhaitons tout d’abord remercier les 700 personnes, la trentaine d’organisations et les élus qui ont rejoint notre Manif’action du 3 juillet. Nous avions choisi d’y organiser en toute transparence deux actions concrètes et symboliques montrant clairement le lien entre maraîchage industriel et carrières de sable.
Dans un climat « bon-enfant » (suivant la presse présente) et malgré une très forte et stupéfiante présence des forces de l’ordre, notre mobilisation a permis de dénoncer les multiples pressions exercées souvent de façon cachée sur tout un territoire : – L’accaparement de l’eau : nous avons symboliquement redonné son cours normal au Redour, détourné illégalement depuis des années pour l’irrigation de l’industrie légumière. C’est un exemple parmi tant d’autres de sa mainmise incontrôlée sur ce bien commun. – Le gaspillage des ressources : nous avons déversé devant la carrière GSM un échantillon de déchets issus de la surproduction quotidienne du maraîchage industriel. Il illustre l’alliance directe entre ces deux industries qui va mettre nos territoires à genoux si nous ne la bloquons pas.
Malheureusement, sur la base de rumeurs ou d’images sorties de leur contexte, on nous accuse d’être des extrémistes, des violents, des radicaux ou même maintenant des délinquants. Ces propos isolés nous détournent des vraies questions. Nous souhaitons montrer l’urgence de la situation, sortir enfin la tête du sable et mettre au grand jour la radicalité des transformations qui s’opèrent. Ces dernières modifieront irrémédiablement l’équilibre de notre territoire.
Regardons où est la véritable violence : destructions des sols et sous-sols, accaparement démesuré du foncier qui fait fuir un par un tous les paysans, épuisement de la ressource en eau et dégradation de sa qualité, gaspillage dramatique de la ressource en sable, destruction du paysage, de la biodiversité et du cadre de vie de nombreux habitants des hameaux environnants.
Par ailleurs, l’extraction du sable ici entraîne plus globalement des colossales émissions de gaz à effet de serre : d’une part par l’industrie du béton qu’elle sert et d’autre part par une destruction de nos prairies, formidables puits de carbone. Le tout récent rapport du GIEC Pays de la Loire tire très clairement l’alarme : « La sécheresse constitue l’une des conséquences les plus préoccupantes des changements climatiques pour la région ». Doit-on continuer à foncer dans le mur ? Est-ce cette violence d’un territoire demain dévasté que nous voulons laisser aux générations futures ? Nous ne nous y résignons pas.
Depuis le début nous informons, nous alertons, nous échangeons et nous faisons systématiquement des propositions pour avancer. Ces dernières années nous ont permis de multiplier les contacts avec de nombreuses personnes, organisations ou structures. Seules la municipalité de Saint-Colomban et Grand-Lieu Communauté ne répondent pas à nos demandes de rendez-vous ou à nos différents courriers. Est-ce vraiment le seul prétexte de « mauvaises fréquentations » qui en est à l’origine ? En tous cas, l’urgence de la situation ne nous permet pas d’entrer dans des polémiques…
Aussi, avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent, nous continuerons d’échanger sur les enjeux colossaux que soulèvent pour notre territoire les projets envisagés. Est-il encore possible aujourd’hui de les soutenir ? Nous continuerons d’informer, d’agir, de dénoncer, d’avancer, de proposer et de travailler à des alternatives. Nous en sommes persuadés : il est encore temps d’arrêter ces projets du passé !
Dimanche 3 juillet , 700 personnes ont manifesté contre la destruction du bocage par l’extension des carrières de sable et du maraîchage industriel dans les environs de Saint-Colomban.
Elles étaient accompagnées d’un convoi paysan de plus de 30 tracteurs. Cette mobilisation répondait à l’appel de la Tête dans le sable, du mouvement national des Soulèvements de la Terre et d’une trentaine d’autres organisations et syndicats.
C’était la plus grosse manifestation à ce jour pour stopper le déploiement des industriels Lafarge et GSM sur ce terroir. Pourtant, une fois encore, la préfecture avait essayé de décourager la venue des manifestant.es par un arrêté préfectoral lunaire autorisant fouilles et contrôles au nom d’arguments aussi improbables que le « transport d’armes de destructions massives » ou les menaces de « terrorisme » pour criminaliser les défenseurs/euses de la paysannerie et du vivant..
Pendant le pique-nique a eu lieu une série de prise paroles – de diverses luttes voisine – Bassines non merci, coordination anti-carrières du 44, collectifs anti-méthaniseurs mais aussi de déserteuses d’AgroParisTech, associations naturalistes ou d’élu.es locaux, dont une députée de Loire-Atlantique.
Un cortège s’est alors dirigé vers l’entrée de la carrière GSM où les tas de sable et convoyeurs étaient lourdement gardiennés par les forces de l’ordre. Deux tracteurs se sont alors postés devant la grille où ils ont déversé des bennes de légumes industriels puants et pourris. Ces légumes avaient été prélevés peu de temps auparavant sur un énorme tas de déchêts et surplus du plus gros producteur de mâche et muguet d’Europe, l’industriel Vinet.
Cette première action visait à dénoncer le lien entre l’extension des carrières de sable et les maraÎchers industriels voisins. Ceux-ci utilisent jusqu’à 30% de la production de sable et leur installation autour de ces sites contribuent lourdement à l’accaparement et à l’artficialisation de terres devenues mer de plastique. L’action mettait aussi en avant l’ampleur du gaspillage massif induit par ce système de production.
Le cortège est reparti peu de temps après en longeant la carrière de sable avant de prendre un tournant inattendu. Débordant le dispositif policier, quelques centaines de personnes ont alors promptement traversé un champs jusqu’à rejoindre le Redour, un cours d’eau dont l’écoulement était obstrué par une écluse.
Cette écluse utilisée par Vinet détournait le ruisseau en vue de remplir des retenues pour irriguer ses cultures intensives. L’écluse avait déjà fait l’objet de mise en demeure de services de l’Etat car non-conforme sans, pour autant que Vinet ne la démonte. L’écluse a donc été disquée puis complètement démontée grâce à un exercice collectif de tir à la corde par une joyeuse foule de tous âges et sous les applaudissements.
Cette action visait en effet à rendre l’eau au bocage mais aussi à dénoncer les conséquences critiques de l’implantation croissante de Vinet et de l’agro-industrie sur ce territoire : pollutions des nappes, destruction des haies et de leurs habitant.es et artificialisation des terres, accaparement de l’eau, exploitation de travailleurs étrangers dans des conditions indignes, implantation de méthaniseurs et de mini-centrales à gaz pour chauffer des serres avec des conséquences écologiques délétères, L’extension des carrières de sable est pour eux nécessaire…. Vinet et l’ensemble des champs sur lequel il se déploie est absolument emblématique du pire modèle agro-industriel et de ce à quoi il est urgent de faire obstacle. Un tract (lisible ici en PDF « environnement social : https://driveterrecom.girofle.cloud/s/fng7eC3k4x7xJWw ) pour illustrer et documenter ses méfaits a été distribué. L’écluse arrachée a ensuite été tirée jusqu’au groupe de gendarmes restés médusés le long de la route.
Pour les collectifs appelants, cette manifestion a été un succès et démontre à la fois l’urgence et les possibilités de passer collectivement à l’action face au désastre écologique, et ce alors que les institutions locales et nationales se montrent incapables d’y répondre.
En septembre, la demande de dérogation au SCOT, le schéma d’aménagement local censé protéger les terres agricoles, va être soumis au vote des élu.es du pays de Retz. Ce vote pourrait donner le feu vert à l’extension des carrières. Inutile de dire que nous ne les laisserons pas faire !
En 2017, Jean-François VINET a été condamné pour « tromperie sur la marchandise », après avoir vendu (en 2014) 800 000 concombres hollandais à des grossistes, en les faisant passer pour des français. Le label « Made in France » avait été apposé sur les légumes.
En 2021, Jean-François VINET a été condamné pour «destruction non autorisée d’une espèce animale protégée», après avoir arraché sans autorisation 430m de haies, en avril 2020, en pleine période de nidification. Elles étaient « un couloir de circulation et d’abris » pour les animaux, d’après la LPO. Lors de l’audience, le prévenu a également reconnu avoir complètement remblayé une zone humide.
En 2019, un rapport de contrôle des rejets atmosphériques a mis en évidence des dépassements des valeurs limites d’émission applicables à la chaudière bois (utilisée pour chauffer 17 ha de serres) de l’EARL Charles VINET (lui-même co-gérant des 3 Moulins avec Jean-François VINET), pour les poussières, dioxines/furanes, plomb… Puis un inspecteur de l’environnement a constaté sur site la présence d’environ 6 000 m3 de bois déchets ne répondant pas à la définition du bois biomasse : présence de palettes peintes, de bois de démolition, de bois d’ameublement, de plastiques… Ainsi que la présence de combustibles issus du broyage de bois déchets, n’ayant pas vocation à être brûlés dans les deux chaudières du site.
Ces manquements ont poussé la préfecture de Loire-Atlantique à publier 2 arrêtés, notamment pour exiger l’évacuation sans délais des combustibles non autorisés vers une filière de traitement autorisée et pour obliger l’entreprise à surveiller l’impact de ses installations sur le milieu.
La préfecture de Vendée a autorisé la destruction des habitats de la grenouille verte et du triton palmé (2 ba-traciens pourtant protégés), en raison de « l’intérêt public majeur » qui s’attachait à la construction de serres à Commequiers. En juillet 2021, le tribunal administratif de Nantes a annulé l’arrêté qui avait autorisé les « serres géantes » à déroger à l’interdiction de destruction des espèces protégées. Il a notamment jugé que l’impactdu projet en termes d’emploi est insuffisant pour justifier cette entorse à la règle. Dès le 7/09/21, le Ministère de la Transition Ecologique lui-même a sollicité l’annulation du jugement du tribunal administratif.
Pour la cueillette du muguet, la Loire-Atlantique est le seul dé-partement français à accorder un droit de travail aux étrangers (qui leur est refusé le reste de l’année), tandis que l’inspection du travail valide les contrats de travail en 48 heures seulement.
Le maraichage peine à recruter (salaires au plus bas, contrats précaires, conditions de tra-vail difficiles). Alors, les maraichers se tournent vers de la main d’œuvre étrangère. Sous couvert « d’assurer ce que les autres ne veulent pas faire », elle est « plus souple et, for-cément, plus docile ». Ils n’ont souvent aucune idée de leurs droits. Et ils subissent une sorte de chantage au titre de séjour. « Ils savent qu’ils sont radiés s’il y a un problème », ils sont « archivés ». En clair : ils sont mis à l’écart du programme et n’auront pas de propo-sition de travail. (Propos : gérante d’association qui place les migrants.)
Interdiction de parler, obligation de rester à genoux, parfois absence de toi-lettes, de point d’eau, cadences exigées par les chefs de secteur difficiles à suivre.
« Je me souviens de cette femme âgée venue améliorer sa petite retraite, un oreiller attaché autour du dos avec un tendeur, pour atténuer la douleur. »
Comment s’enrichir un peu plus ? Les maraîchers ont trouvé un système doublement gagnant en créant des SCI pour y héberger la main d’œuvre étrangère. Ils aménagent des maisons en dortoir de 10 à 15 chambres. Les loyers sont déduits des salaires.
« Pour une maison de dix chambres, à 200 € de loyer, on arrive à 2 000 € de revenus mensuels » tout en « échappant à toutes taxes de séjour ».