Blocage de la carrière Lafarge de Saint-colomban

Blocage de la carrière Lafarge de Saint-colomban pour la venue de Christophe Béchu, ministre de la transition écologique. 

La tête dans le sable
Les soulèvements de la Terre

Depuis 8h ce matin, 8 paysan.nes en tracteurs et 60 piéton.nes occupent et bloquent la carrière Lafarge de Saint-Colomban. Cette action suprise initiée par le collectif La tête dans le Sable et le mouvement national les Soulèvements de la Terre est une réponse directe à la décision des élu.es du PETR du Pays de Retz de déroger au SCOT, schéma local censé, entre autre, protéger les terres agricoles (Espaces Agricoles Pérennes). Ce vote visait à autoriser l’aggrandissement des carrières Lafarge et GSM et l’artificialisation de 70 hectares de bocage. Cette occupation d’une des 2 carrières intervient alors que le ministre de la transition écologique Christophe Béchu se déplace aujourd’hui à quelques kilomètres de là – à Basse-Goulaine – pour une réunion avec des élus locaux pour une présentation de l’objectif « Zéro artificialisation nette ». 

Il y a 15 jours le ministre annonçait déjà reculer sur cet objectif à peine énoncé, alors que la crise écologique est aujourd’hui dramatique, démontrant ainsi toute l’hypocrisie du gouvernement en terme de politique environnementale.

Les occupant.es ont disposé ce matin, sur les machines de la carrière, des banderoles « Les élus nous ont Béchu » et « Zone d’Artficialisation Nette ». Ils invitent le ministre à se rendre sur place pour constater la manière dont les carrières dévorent le bocage et répondre de ses incohérences.

Le projet d’aggrandissement des carrières lafarge et GSM de Saint-colomban, est l’objet d’une résistance paysanne et écologiste déterminée. Il étend l’industrie climaticide du béton alors qu’il nous faut aujourd’hui urgemment changer de modèle. L’aggrandissement des carrières avance de concerve avec l’extension voisine d’un type de maraîchage industriel, gourmand en sable, qui artificialise lui aussi des centaines d’hectares de terre sous une mer de plastique. Il est aussi synonyme, au sortir d’une sécheresse historique et systémique, d’accaparement de l’eau des nappes, laissées à ciel ouvert par les bassins géants des carrières. Ce projet a été l’objet, au cours de la dernière année, de manifestations et blocages mobilisant à plusieurs reprises des centaines de personnes et dizaines de tracteurs.

C’est aujourd’hui la première fois que les opposant.es s’introduisent à l’intérieur d’une carrière. Ce geste fort, au lendemain du choix des élus locaux de déroger au SCOT et alors qu’une enquête publique pourrait suivre dans les prochains mois, est une manière d’affirmer que la lutte continue. Si des travaux de destruction du bocage survenaient par la suite, ils seraient bloqués à leur tour.

Les occupant.es invitent le ministre Christophe Béchu, mais aussi leurs soutiens à se rendre devant l’entrée de la carrière pour un échange de terrain sur l’objectif « Zéro Artficialisation Nette ».

Illes appellent à rejoindre leur lutte contre l’extension des carrières de sable et du maraîchage industriel à St-Colomban, pour la défense de la terre, de l’eau et de l’installation paysanne.

Plus c’est gros plus ça passe !


Une maxime circule chez les carriers : « il suffit de comprendre les règles pour pouvoir les contourner » (1) … Simplicité sidérante ! Et pourtant, lors de la dernière séance du comité syndical du PETR (2) du Pays de Retz, les règles du SCOT n’ont pas été détournées, elles ont carrément été piétinées.

Un tournant important ce mardi 13 septembre : il s’agissait pour les 53 délégués de valider la dérogation aux désormais fameux « Espaces Agricoles Pérennes ». Jusque-là, cette disposition destinée à protéger le foncier agricole, bloquait les 2 industriels GSM et Lafarge dans leurs volontés de s’étendre. Il y a peu, le sujet était recouvert d’une belle chape de silence (en béton armé). Cette fois, il a fait trembler l’assemblée du PETR dans des débats assez vifs. La crainte de voir plus tard ses propres projets refusés par ses pairs (appelée encore la « solidarité » entre maires), a malgré tout fait basculer l’assemblée vers la validation de la dérogation : 37 voix pour et 16 voix contre.

Plusieurs points d’étonnement :
– 8 points devaient être validés : aucun n’a été vraiment détaillé lors des débats.
– Le rapport transmis à la connaissance des élus était une note particulièrement synthétique et peu argumentée, directement écrite par les 2 carriers.

Mais l’étonnement a rapidement fait place à la stupéfaction quand, après le vote, nous avons découvert les ruses utilisées pour compenser les 69ha nécessaires (le 4ème des 8 points) :
– La commune de Saint-Colomban devra compenser sur son seul territoire les surfaces retirées à l’agriculture pour ce projet pourtant jugé d’intérêt intercommunal ! La solidarité entre maires aurait-elle ses limites ?
– Et surtout : ce sont des Espaces Naturels Protégés (3) qui seront supprimés pour compenser les surfaces envisagées pour les extensions des carrières. Pas un seul hectare situé dans les « Espaces Agricoles Non-Pérennes » (= les zones de réserve prévues pour l’urbanisation), n’a été retiré de la carte !

La double-peine environnementale pour un territoire pourtant déjà fortement agressé.

Une perte de sens totale à un moment où nous devons aller vers le Zéro Artificialisation.

Et ce n’est pas fini…Cerise amère sur ce gros gâteau de sable : 53 sur les 69 ha sont situés dans une zone où la richesse en biodiversité a été reconnue et validée depuis des années : la ZNIEFF du bocage relictuel de La Lande (4).

Étonnant, troublant même…

Pourtant, pendant cette séance, certains élus ont très clairement alerté sur les conséquences environnementales et agricoles que ces projets feront peser sur tout un territoire. Mais il semble que se mettre la tête dans le sable soit pour certain.es la position la plus adaptée, y compris pour les communes les plus concernées.

Alors bien sûr, nous continuerons encore et toujours à informer, proposer, échanger avec tous ceux qui le veulent. Nous l’avons clairement vu : les enjeux n’ont pas été compris.

Il est encore temps de stopper l’engrenage infernal dans lequel nous sommes partis.

Alors avec tous les partenaires qui le souhaitent, nous allons dès maintenant engager les procédures nécessaires.

Bien loin de nous résigner, nous bloquerons le rouleau compresseur des
carriers sur ce territoire.


(1) : «Béton, la fin d’une ère ?» : épisode 5 page 107, Heidi.new.
(2) : PETR = Pôle d’Equilibre Territorial et Rural, structure intercommunale qui vote le SCOT (Schéma de Cohérence Territorial)
(3) : Pour faire simple, les Espaces Naturels Protégés (ENP), gravés dans les documents d’urbanisme (SCOT ou PLU), sont pour la plupart des réservoirs de biodiversité. Ils ne peuvent pas être remis en cause, y compris pour les classer en Espaces Agricoles, où le règlement y est moins contraignant.
(4) : Les ZNIEFF = Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique : sont les bases pour la constitution de zones de conservation de la biodiversité.