Le lobby agro-industriel inonde les médias de sa complainte

Le lobby agro-industriel inonde les médias de sa complainte pour dénoncer le remplacement du muguet industriel et une poignée de plants expérimentaux – non destinées à l’alimentation – par un semis de sarrasin bio. Comme d’habitude, le gouvernement reprend mot pour mot cette propagande. Mais pour qui prend le temps de s’intéresser un tant soit peu aux faits et d’enquêter derrière les piteuses tentatives de greenwashing, il apparaît que :
• Les industriels du légumes nantais visés par ces actions sont responsables de divers empoisonnements récents aux pesticides comme le métam-sodium (1).
• Les serres visées à Pont-Saint-Martin le dimanche 11 juin sont bien encore l’objet d’expérimentations sur des pesticides cancérigènes selon l’ANSES comme le métobromuron (2). Elles visent à maintenir le même modèle et à renforcer l’acceptabilité des pesticides en prétendant réduire leur usage plutôt que de permettre leur interdiction.
• Ces serres sont majoritairement ensablées et destinées à ce type de cultures plutôt qu’à de quelconques « sols vivants ».
• Ces industriels chef d’entreprise à la main d’œuvre exploitée, n’ont rien
d’« agriculteurs ».
• Ils sont par contre bel et bien responsables de l’accroissement ravageur de la production de sable et de la consommation d’eau pour des productions non vivrières ou tournées vers l’exportation.
• Ils ont été récemment condamnés pour leur surplus de rejets toxiques dans
l’atmosphère, notamment sur leurs cultures de concombres en 2017, ainsi qu’en 2020 pour des arrachages de centaines de mètres de haies en pleine période de nidification.
• La collusion de certains dirigeants des maraîchers nantais avec l’industrie du sable est avérée. Le Président de la Maison des Maraîchers Mr Torlasco a par exemple occupé pendant 11 ans le poste de secrétaire régional de l’UNICEM – union national des industries de carrière et matériaux de construction.
• Ils s’accaparent main dans la main avec l’industrie du sable des terres transformées en mer de plastique et serres chauffées, et tuent ainsi les autres formes d’agriculture paysanne dans le département.


En Loire-Atlantique, les surfaces dédiées à l’agro-industrie légumière ont augmenté de 24% entre 2010 et 2021. Le paysage de bocage et de polyculture élevage qui a caractérisé pendant des siècles le terroir du Pays-de-Retz est remplacé par un désert agro-industriel ultraspécialisé qui ravage la mosaïque de prairies et de cultures de la campagne nantaise.
Un désert. Si c’est cela la terre qu’aime Olivier Véran, c’est bien le signe qu’il n’a aucune culture paysanne ! Il semble manifestement confondre la terre et le sable. 1 ha de mâche, c’est jusqu’à 30 tonnes de sables par hectare chaque année !
Ensabler la terre, drainer les parcelles, araser les haies, c’est – structurellement – une artificialisation massive des sols. Oui nous préférons le sarrasin biologique aux champs de muguets de Vinet et aux expérimentations du lobby agro-industriel.
La conclusion est qu’il est bel et bien grand temps de désarmer ces industriels et de changer de modèles si l’on souhaite sauver les sols, les nappes phréatiques et soutenir réellement l’agriculture.
Vous trouverez pour un rétablissement minimal de la vérité un document détaillé d’enquête sur la « fédération des maraîchers » avec un ensemble de faits et de chiffres à la suite de cet article sur :
https://lessoulevementsdelaterre.org/blog/debunkage-pourquoi-viser-lagro-industrie-nantaise-precisions-sur-les-actions-menees-et-reponse-a-olivier-veran
.

Résistance paysanne au maraîchage industriel !

De véritables paysans, dont les fermes sont mises en péril par les industriels ont publié une tribune pour expliquer leurs gestes :

Nous sommes des éleveurs-euses et maraîchers-ères de Loire-Atlantique. Nous avons participé depuis plus de deux ans à toutes les mobilisations contre l’extension des carrières de Saint-Colomban. Nous sommes venus – une fois encore – en force avec nos tracteurs pour cette journée de mobilisation organisée par la tête dans le sable et les soulèvements de la terre.

Pour nous la présence paysanne dans toutes ces actions démontre que les luttes écologistes n’ont rien à voir avec une opposition binaire et caricaturale entre agriculteurs et écolos. En réalité, comme le soulignait déjà Bernard Lambert en son temps, une fracture traverse le monde agricole de
l’intérieur : entre des grosses sociétés agro-industrielles et toutes celles et ceux qui pratiquent une agriculture paysanne, entre les grosses coopératives capitalistes et nos fermes, entre l’agroécologie à dimension humaine et à vocation locale et l’agrobusiness exportateur.
Ce dimanche, appuyé par des milliers de citoyen.e.s nous avons décidé de poursuivre notre action contre l’extractivisme et le bétonnage, contre le maraîchage industriel et pour la défense du bocage et de l’agriculture paysanne. Depuis des années, nos fermes sont impactées par un terrible phénomène. Au sud de La Loire, une poignée d’agri-managers spécialisés dans le maraîchage industriel est en train d’accaparer la terre et l’eau, de détruire le bocage et ses haies, d’empêcher les nouvelles installations en faisant exploser le prix du foncier, d’artificialiser les sols à grand renfort de bâches plastiques et de serres chauffées. Le Sud-Loire est en passe de devenir une petite Andalousie. Les exploitants adhérent.es de la Fédération des Maraîchers Nantais font main basse sur les terres et en chassent le maraichage diversifié et la polyculture élevage.
Par exemple, 30 % du sable de la carrière GSM de St Colomban est destiné aux maraîchers industriels.
En tant que maraîchers diversifiés, nous sommes bien placés pour le savoir et le vivons au quotidien : nul besoin de sable et de pesticides pour nourrir localement les consommateurs avec de bons légumes ! Nous fournissons les AMAPS et les magasins de producteurs depuis des années, sans avoir besoin de prétendues « expérimentations » industrielles. C’est depuis nos collectifs citoyens écologistes et paysans que furent pensées les actions de la journée. Si nous avons choisi de remplacer et réensemencer symboliquement avec du sarrasin bio le muguet industriel et les serres de la Fédération des
Maraîchers Nantais, c’est parce que nous pensons que l’ensemble des terres accaparées par ce lobby devrait être restitué à la polyculture élevage et au maraîchage diversifié.
En Loire-Atlantique, les surfaces accaparées par le maraîchage industriel ont augmenté de 29 % entre 2010 et 2021. La consommation d’eau de ce secteur, dont le pic se situe en pleine sécheresse estivale, est en particulier très largement supérieure à celle des 40 000 habitants d’une des communautés de communes concernées. Principalement pour du muguet qui ne se mange pas et de la mâche exportée.
Ce dimanche, parmi les centaines de personnes du convoi, nous étions une cinquantaine de paysans impliqués dans ces actions de réensemencement et nous l’assumons pleinement. A travers sa communication Régis Chevallier « pleure » mais les paysans citoyens déplorent tous les jours la disparition des fermes d’élevage et de son bocage au profit du maraîchage industriel.


Les paysans et paysannes co-organisateurs de la mobilisation « Fin de carrières 44 », le 11 juin 2023.

(1) Le métam-sodium, un pesticide provisoirement interdit
(https://www.la-croix.com/Economie/France/Le-metam-sodium-pesticide-provisoirement-interdit-2018-10-26-1200978886

Le gouvernement a suspendu vendredi 26 octobre et jusqu’à la fin de janvier l’utilisation de ce biocide suite à l’intoxication de 70 personnes dans le Grand Ouest. La substance fait l’objet d’un réexamen scientifique par l’Anses qui pourrait conduire à son interdiction pure et simple.
Biocide à large spectre, à la fois pesticide, herbicide et fongicide, le métam-sodium est surtout utilisé par les maraîchers, notamment ceux du Maine-et-Loire et de Loire-Atlantique, pour « purifier » les parcelles avant d’y semer la mâche. Pesticide largement utilisé par les producteurs de mâche du Grand Ouest, le métam-sodium était déjà sous étroite surveillance après l’intoxication de 70 personnes à la mi -octobre. Par un arrêté publié vendredi 26 octobre au Journal officiel, le gouvernement vient d’en suspendre l’utilisation jusqu’au 31 janvier 2019.
De nouvelles investigations scientifiques.
Une décision plus radicale reste suspendue aux recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) chargée de réexaminer l’ensemble des autorisations de mise sur le marché des cinq produits à base de cette substance commercialisés en France.

S’informer avec calme, recul et confiance est plus que jamais nécessaire
Biocide à large spectre, à la fois pesticide, herbicide et fongicide, le métam -sodium est surtout utilisé par les maraîchers, notamment ceux du Maine-et-Loire et de Loire-Atlantique, pour « purifier » les parcelles avant d’y semer la mâche, en septembre et en octobre.
Injecté par fumigation dans le sol, ce produit est redoutablement efficace pour tuer les parasites et éviter les repousses de mauvaises herbes. Mais l’opération requiert de nombreuses précautions fixées par la réglementation : protection intégrale pour les opérateurs, utilisation de bâches, absence de vent et de fortes pluies pour éviter la dispersion du produit, respect de distances par rapport aux habitations et aux autres cultures.
Une substance « préoccupante »
Est-ce un manquement à cette réglementation qui a provoqué, entre le 28 septembre et le 12 octobre, trois épisodes d’intoxications (irritations oculaires et respiratoires) touchant essentiellement des ouvriers
agricoles applicateurs dans la région d’Angers ? C’est en tout cas la raison invoquée par la préfecture du Maine-et-Loire pour suspendre l’utilisation du pesticide dans le département jusqu’au 31 décembre.
Dans le département voisin de Loire-Atlantique, où aucun cas d’intoxication n’a été relevé, la préfecture a tout de même choisi de renforcer les contrôles sur les 200 exploitations qui utilisent le métam -sodium.
Une précaution qui s’avère désormais inutile puisque les trois ministères concernés (agriculture, santé et transition écologique) viennent de décider son interdiction au moins temporaire.
« Le métam-sodium fait partie des substances actives les plus préoccupantes pour la santé et l’environnement » , précise le communiqué interministériel publié vendredi 26 octobre. Ce risque avait déjà été identifié, en avril, par le « plan d’action national sur les produits phytopharmaceutiques et une agriculture moins dépendante aux pesticides ». « Ce qui avait amené le gouvernement à saisir l’Anses, en juillet, pour un réexamen de t oute une
série de substances, dont le métam-sodium », précise-t-on au ministère de l’agriculture et de l’alimentation.
Une réévaluation européenne
On attend désormais le résultat de ces investigations. Trois scénarios sont possibles : l’Anses décide soit d’un « renforcement des conditions d’emploi », soit du « retrait de certains usages », voire « le retrait des autorisations de mise sur le marché », précisait la semaine précédente une porte-parole de l’agence.
Le métam-sodium avait été interdit par l’Union européenne suite à une décision du Conseil de 2009, après la publication d’un rapport de l’Aesa, l’autorité européenne de sécurité des aliments, pointant ses nombreux risques, notamment pour les populations vivant sous le vent d’une injection, la faune non ciblée et les nappes d’eau souterraines. Malgré cela, quinze États européens, dont la France, ont continué à l’utiliser par dérogation. Depuis, la substance a été réautorisée par un règlement européen de
2012, mais elle fait l’objet d’un nouvel examen scientifique qui devrait s’achever en 2022.
(2) métobromuron \me.tɔ.bʁɔ.my.ʁɔ̃\ masculin, au singulier uniquement
https://fr.wiktionary.org/wiki/m%C3%A9tobromuron
(Agriculture) Substance phytosanitaire, de formule chimique C9H11O2N2Br, à usage d’herbicide de certaines dicotylédones et utilisable sur les cultures de pomme de terre, d’artichaut, de tabac et de mâche.
Par exemple, lorsqu’ils pénètrent dans le haricot par les racines, le chloroxuron, le fluométuron et le métobromuron ont
des comportements différents. Le chloroxuron reste localisé dans les racines et se déplace à peine dans la tige, alors que le fluométuron et le métobromuron gagnent le feuillage. — (Christian Gauvrit, Efficacité et sélectivité des herbicides, Éditions Quae, 1996, page 115)

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