1 – Pour notre territoire
De nombreuses questions se posent concernant l’évolution de notre territoire.
A quoi vont ressembler nos paysages ?
Quelles sont les conséquences environnementales ?
2 – Pour la préservation du sable
Le sable, ce n’est pas cher, mais son exploitation massive a des conséquences à tous niveaux. La demande en sable a triplé au niveau mondial en 20 ans.
A ce rythme, les extensions de 30 ha envisagées pour GSM et 40ha pour LafargeHolcim vont fondre comme neige au soleil…
Et inévitablement de nouvelles extensions seront demandées. Rapidement, dans moins d’une génération, ce sont près de 4km du nord de la commune de Saint-Colomban qui sera balayée par une gigantesque griffure, transformant radicalement et définitivement le paysage, mais aussi la nappe de Grand-Lieu, la biodiversité, l’agriculture, les hameaux : tout ce qui fait un territoire en somme !
3 – Pour l’installation de jeunes éleveurs et le soutien aux fermiers présents
Quand on regarde la carte d’implantation actuelle et de la progression envisagée des carriers et des maraichers industriels on n’a pas besoin de faire de dessin supplémentaire pour comprendre la pression foncière énorme qui s’exerce aujourd’hui sur le foncier agricole de tout un territoire.
Pourtant, le SCOT du Pays de Retz a défini en 2013 des Espaces Agricoles Pérennes pour une durée de 20 ans. Ils permettent justement aux exploitations agricoles de voir l’avenir en étant certain que le sol n’aura pour seul usage que l’agriculture. Ils permettent aux élus d’avoir en main les bons outils pour résister à la pression des carriers. Ils limitent donc une partie de la pression foncière !
Donc, depuis 2013, les entreprises LafargeHolcim et GSM savent qu’aucune extension n’est possible. Mais au lieu de mettre à profit ce temps pour envisager d’autres alternatives à leurs extractions, elles mettent subitement en 2020 la pression sur les collectivités, souhaitent passer en force et veulent remettre en cause ces engagements forts pris unanimement par les élus.
Ces derniers paniquent et sous cette pression semblent vouloir rompre ce pacte censé préserver une agriculture locale, essentiellement de polyculture élevage.
Tant pis pour les agriculteurs qui ont investi et tant pis pour les jeunes qui pourraient s’installer ! Les intérêts de GSM et Lafarge semblent prioritaires.
Et adieu les promesses du SCOT faites pour pérenniser l’agriculture.
Juste à côté les maraîchers industriels ont des moyens financiers bien supérieurs à ceux des exploitations de taille familiale. Les pressions associées des carriers et des maraîchers industriels sont donc hors de portée des jeunes qui démarrent.
4 – Pour la sauvegarde de la nappe de Grand-Lieu
Les riverains le constatent depuis des années et les carriers le disent eux-mêmes : l’extraction du sable a des conséquences sur la nappe d’eau. Pendant l’exploitation c’est évident, mais même après ! Les étendues d’eau laissées à ciel ouvert représentent une évaporation de près d’1m par an !… Soit plus que la pluviométrie.
Bilan : sur un plan d’eau de 50ha, cela représente tout simplement 1/2 million de m3 qui partent tous les ans.
Comment imaginer que cela n’aura aucun impact sur les nappes d’eau et la végétation aux alentours ?
Au fait, la nappe qui circule sur le secteur des carrières, c’est la nappe des sables s’écoulant vers Grand-Lieu : « Dans sa portion nord-ouest, son sens d’écoulement est vers le lac et elle contribue donc à soutenir le niveau de celui-ci en période de basses eaux. Dans sa portion sud-est, elle soutient le débit de l’Ognon » (site Internet du Syndicat de Bassin Versant de Grand-Lieu).…
Alors, elle ne mériterait pas qu’on se penche un peu sur le sort qui lui sera fait ?
De sa bonne qualité dépend en partie celle du lac, ce n’est pas rien !
5 – Pour la défense d’une alimentation locale
L’ensemble des collectivités souhaite proposer des produits locaux dans ses restaurants scolaires, et incite la population à consommer local…
S’agit-il juste de cultiver une image ?
Les exploitants agricoles sont confrontés à la pression foncière liée aux activités de carrière ou maraîchères et le maintien des sièges d’exploitation devient très difficile. Proche de la métropole nantaise et dans un contexte où tout le monde veut des circuits courts, c’est sans doute paradoxal !
Les productions des maraîchers industriels partent dans toute l’Europe…
Alors une alimentation de proximité ne pourra se faire sans des agriculteurs qui la produisent localement. Pour pouvoir continuer à travailler dans de bonnes conditions économiques, pérenniser leurs fermes et donc notre alimentation locale et de qualité, il ne faut sans doute pas se contenter de bonnes intentions. Avec les structures et outils existants aujourd’hui, il faut que localement nous les soutenions : collectivités, associations, citoyens, distribution. Nous sommes tous concernés et nous devons agir tous ensemble dans cette même direction pour sauver nos fermes !
Des dispositifs de protection de cette agriculture sont possibles à mettre en place, à condition de le vouloir véritablement : le PEAN (Périmètre de Protection des Espaces Agricoles et Naturels) en est un. Après le PAT (Plan Alimentaire Territorial), il permettrait à minima que tous les acteurs se mettent autour de la table pour avancer ensemble sur ces questions capitales pour notre alimentation en général et en particulier celle de nos enfants dans les restaurant scolaires.
Alors, si on veut manger local : on met de nouveaux bâtons dans les roues de nos fermes en accentuant un peu plus cette pression foncière ravageuse …
Ou on les aide un peu?
6 – Pour la protection des paysages
Les carrières d’aujourd’hui, ce sont les paysages de demain. Étendre les carrières c’est favoriser encore plus l’expansion du maraîchage industriel qui a besoin de sable.
En effet le sable est un matériau qui n’est pas cher, mais qui est lourd : plus on va le chercher loin, plus il coûte cher.
Alors des paysages de gigantesques trous d’eau en lien direct avec la nappe phréatique ouverte à toutes nouvelles pollutions et qui seront masqués par de gros merlons ou des rideaux d’arbres qui vont crever : ça vous tente?
Soulignons aussi que l’entretien de ces espaces ne sera plus assuré par les carriers après leur exploitation.
Et en plus ils seront entourés par du plastique, du plastique et encore du plastique des maraîchers industriels…
Voilà nos paysages pour demain, si on ne fait rien.
7 – Pour des cours d’eau en pleine forme
Le rapport du CESER Pays de la Loire (de 2016) sur le changement climatique dresse un bilan sombre des masses d’eau d’ici 2050.
L’augmentation des températures conjuguée à la diminution des précipitations conduira très probablement à une diminution de la disponibilité de la ressource en eau.
Les cours d’eau de Loire-Atlantique présentent une qualité physico-chimique globalement dégradée sur l’ensemble du territoire départemental au regard des matières organiques et oxydables, des phosphates et des nitrates (stimulant l’eutrophisation) présents en quantité excessive.
Le maraîchage industriel est particulièrement incriminé dans certains bassins (rapport CGEDD n° 012819-01 CGAAER n° 19056 de juillet 2020).
Par ailleurs, il est certain que les surfaces de plastiques considérables (serres et tunnels) associés aux systèmes de drainages particulièrement efficaces, ont un impact évident sur nos modestes cours d’eau.
A l’heure où le GIEC nous annonce des phénomènes météos intenses de plus en plus fréquemment, on ne peut plus se mettre la tête dans le sable sur cette question essentielle !
8 – Pour des sols en bonne santé
Les sols en bonne santé, c’est la santé de notre territoire tout entier ! Toute la vie complexe qui peut s’y développer, si les conditions sont réunies, permet des échanges permanents avec la vie au-dessus du sol.
Pour notre alimentation c’est important : non seulement pour permettre que de bons produits poussent et arrivent dans nos assiettes dans de bonnes conditions, mais aussi pour le goût et les qualités nutritives.
Un sol en bonne santé : les maraîchers industriels s’en fichent, ils cultivent hors-sol. Ils créent leurs propres conditions de culture sans souci de la biodiversité, avec désinfection des sols et en appliquant de nombreux traitements phytosanitaires.
Suivant leurs normes et dans leurs propre univers, la santé du sol n’est plus leur affaire !
9 – Pour une vraie prise en compte locale de nos émissions de Gaz à Effet de Serre
A l’heure où nos collectivités travaillent sur leurs PCAET (Plan Climat Air Énergie Territorial), il faudrait peut-être qu’elles mettent un peu le nez dans les conséquences actuelles de cette industrialisation de nos sols pour ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre?
La production de béton actuelle occasionne 9 % de la totalité des émissions de gaz à effet de serre, et projette ce chiffre à 12 % en 2060 (rapport de l’OCDE de février 2019).
Par ailleurs, la nouvelle RT2021 qui s’appliquera dans les prochains mois, prendra en compte les émissions de carbone pour produire les matériaux. En conséquence le béton deviendra beaucoup moins pertinent (OF 11/02/2021).
10 – Pour une vraie biodiversité
Les chiffres relatifs à l’érosion de la biodiversité sont toujours plus alarmants. Les populations de vertébrés ont chuté de 68 % entre 1970 et 2016, selon un nouveau rapport publié par le WWF en septembre 2020.
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-36072-rapport-living-planet-2020.pdf
Or, les variations de populations d’espèces constituent un indicateur majeur de la santé globale des écosystèmes : 75% de la surface terrestre libre de glace a déjà été considérablement altérés, les zones humides ont perdu plus de 85 % de leur superficie.
Mais heureusement les carriers sont là !
Ils ne manquent pas une occasion de nous indiquer que grâce à leur activité de nouvelles espèces apparaissent…
Ils oublient juste de préciser combien ont disparu. Aucune étude sérieuse n’a à ce jour permis de démontrer l’impact positif de leur passage sur la biodiversité des territoires impactés.
Quant au maraîchage industriel : quand on regarde les étendues énormes de sable et de plastique, une explication supplémentaire est-elle vraiment nécessaire ?
Alors décidément, au-delà de la disparition de nos fermes, de nos paysages et de l’impact énorme sur les masses d’eau, le « binôme carrières de sable + maraîchage industriel » n’arrivera pas à se rattraper sur les questions de biodiversité.
11 – Pour une maîtrise locale de l’agriculture
Les entreprises de maraîchages industriels bien que fortement implantées localement appartiennent à des groupes dont les centres de décision sont bien éloignés de nos communes et des préoccupations des habitants.
Les exploitants des carrières sont des groupes internationaux qu’on ne présente plus : GSM ou LafargeHolcim. Y a t-il dans leurs conseils d’administration si éloignés quelqu’un qui connaisse nos territoires, ses particularités, ses besoins, son environnement et surtout qui ait vraiment à cœur de le préserver?
Les seules données pour ces centres de décision ce sont les profits qu’ils pourront tirer des ressources de nos sols et sous-sols.
Quels soucis ont-ils de la terre qu’ils laisseront après leurs passage pour les générations à venir?
12 – Pour la vie des hameaux
Comment imaginer que la vie des hameaux riverains, entourés de prairies, cultures ou boisements aujourd’hui, sera identique demain quand les activités d’extraction de sable s’en approcheront ? …
De très près d’ailleurs.
Avec tous les aspects déjà évoqués concernant la ressource en eau, les paysages, l’agriculture, la qualité de l’eau et de l’air, comment imaginer qu’un simple rideau d’arbres réglera tous les problèmes des habitants riverains ?…
D’autant plus que les conditions pour maintenir la vie de ces futures haies ne seront certainement pas réunies. Planter des arbres quand les sols vont s’assécher et que les conditions climatiques vont fortement changer ne leur garantira sans doute pas une grande longévité.
Quelques images valent mieux qu’un long discours :
https://www.youtube.com/watch?v=0BB1zmJhYyU
Alors demain, quand les carrières seront aussi à leurs portes, les hameaux voisins prendront-ils le même chemin que celui décrit dans ce reportage ?
13 – Pour la sécurité des riverains
Les terrains exploités par les carrières sont des propriétés privées. Une partie appartient directement aux entreprises d’extraction et une autre partie à des personnes privées qui en resteront propriétaires après exploitation.
Qu’adviendra-t-il demain de ces centaines d’hectares quand les exploitants auront fini d’extraire les millions de tonnes de sable?
Une remise en état est définie dans l’arrêté préfectoral. Elle oblige les carriers à laisser le site dans une configuration qui impose sur certaines surfaces une renaturation, sur d’autres une remise en état agricole (après remblaiement) ou encore pour la plus grande partie des plans d’eau.
Mais qui entretiendra ces surfaces ? Qui se souciera de maintenir ces terrains suivant le beau plan prévu dans l’arrêté préfectoral ?
Les personnes privées ne sont pas forcément des habitants proches des carrières. Seront-ils en réelle capacité de suivre avec attention ces terrains ? Qui parmi les multiples propriétaires en aura les moyens ? Avec les innombrables successions qui se feront au fil des années, imaginez le tableau…
Dans la configuration actuelle de leur emprise, avant même de parler d’extension, le périmètre de chacune des 2 carrières est de plus de 3km. Après quelques années quand les carriers seront partis et les remises en état terminées, qui pourra assurer la sécurité autour des plans d’eau, parfois profonds de 15m ?Les carriers seront repartis vers d’autres horizons, mais les riverains seront toujours présents et auront alors à en subir directement les conséquences pour … très très très longtemps !